lundi 2 juin 2025

Samir Kassir: une vengeance, 20 ans après

Rien ne saurait réparer cette perte. Nulle consolation ne saurait effacer l’abîme laissé par tant d’expériences, d’accomplissements, de lectures, de joies et de veillées, tout ce qu’un écrivain, un professeur, un militant politique aurait pu encore offrir et vivre durant vingt années, si le destin ne l’avait pas arraché à la vie, victime d’un attentat criminel à l’âge de quarante-cinq ans. Avec lui, ce sont des projets inachevés et des rêves sans fin, ni contentement d'un présent, qui se sont éteints.

Et rien ne comble le manque — le manque d’une voix, d’un sourire, d’une idée surgissant au cours d’une conversation, d’une malice échangée, d’un éclat d’esprit ou d’une fulgurance intellectuelle. Rien ne saurait remplacer cette pointe d'orgueil et de vanité assumée qui accompagnait Samir dans les réunions comme dans les soirées, et qui rendait toute neutralité impossible à son égard.

Samir Kassir: revenge, 20 years later

Nothing can ever make up for such a loss. No consolation can fill the chasm left behind by all that was lost: experiences not lived, accomplishments unrealized, books unread, joys unshared, evenings that never came to be — all that a writer, a professor, a political activist could have continued to give and receive over the span of twenty years, had fate not torn him away in an assassination at the age of forty-five. With him perished unfinished projects, boundless dreams, and an unquiet longing that had never settled for the present.

And nothing fills the absence — the absence of a voice, a smile, an idea sparked mid-conversation, a shared mischief, a flash of wit or piercing insight. Nothing replaces that touch of self-assured vanity that Samir carried — in meetings, in gatherings — which made neutrality toward him almost impossible.

To remember him, twenty years after the blast that shattered an Alfa Romeo on a street in Beirut, is also to summon the memory of a life interrupted — that of a comrade, a friend, a brother-in-struggle, who had committed himself to a political path that remained, like his own journey, unfinished. His death was, no doubt, one of the reasons for that incompletion.

samedi 17 mai 2025

Les surprises de Trump et le «nouveau Moyen-Orient»

Le président américain Donald Trump a pris de court la plupart des observateurs — ainsi qu’un grand nombre de responsables arabes et européens — en annonçant depuis l’Arabie saoudite sa décision de lever les sanctions imposées à la Syrie.

vendredi 4 avril 2025

Barbarie dans la civilisation

«La Palestine est devenue une cause universelle, parce que l’injustice faite à son peuple depuis 1948, redoublée depuis 1967, prolonge au cœur de notre présent l’injustice des colonisations occidentales qui ont fait la richesse, la puissance et la domination de l’Europe sur le monde. Le ressort du colonialisme est la supériorité, donc l’inégalité et, par conséquent, la négation des principes universels que les démocraties occidentales prétendent avoir proclamés… Cet engrenage est fatal, générant une barbarie qui ensauvage la civilisation».

C’est ainsi qu’Edwy Plenel présente sa blessure palestinienne dans son nouvel ouvrage, dédié à Leila Shahid et Elias Sanbar, paru en février 2025 aux éditions La Découverte.

Une cartographie de l'effacement

Dans un ouvrage publié fin 2024, Philippe Rekacewicz, géographe et cartographe, et Dominique Vidal, historien et journaliste, proposent une analyse singulière des mutations territoriales en Palestine jusqu’en 2022.

Intitulé Palestine-Israël: une histoire visuelle, cet ouvrage retrace l’évolution des représentations cartographiques de la région, depuis l’émergence du projet sioniste à la fin du XIXᵉ siècle jusqu’à l’expansionnisme israélien contemporain. À travers un corpus de cartes inédites et d’archives rares, les auteurs dévoilent les strates d’un «conflit» où chaque tracé territorial a eu son impact politique.

mardi 1 avril 2025

Liban 1982: Radiographie d'un massacre

Jean-Pierre Gratien reçoit Agnès Levallois et Ziad Majed sur LCP pour une discussion sur l'invasion israélienne, le siège de Beyrouth, et les massacres de Sabra et Chatila (et sur la situation actuelle dans le pays et la région). 
La discussion suit la projection d'un documentaire sur le même sujet.

vendredi 10 janvier 2025

Syria, Lebanon, and Palestine in 2024: The Fall of a tyranny, a Fragile Ceasefire, and the Horror of Ongoing Genocide

Rarely do the events of a single year collide with such spectacular intensity as they did by the end of 2024.

In the span of ten days, the Assad regime in Syria faltered and collapsed, with its president fleeing and leaving behind a grim legacy of mass graves, an extensive network of prisons and detention camps, and mercenaries eager to swear allegiance to the highest bidder.

This upheaval was preceded by a fragile ceasefire in Lebanon following a ferocious Israeli war that wrought widespread destruction and claimed thousands of lives. At the same time, the genocide in Gaza persisted unabated, fueled by either complicity or empty denunciations, even as emerging mechanisms of international justice began to target Benjamin Netanyahu’s government.

By Ziad MajedPublished in French in Mediapart, January 1, 2025.

mardi 7 janvier 2025

A Palestinian doctor named Hussam Abou Safiya

What makes the image of Palestinian doctor Hussam Abu Safiya walking through the rubble of Kamal Adwan Hospital in northern Gaza toward two Israeli tanks so iconic? Is it the universal elements of human tragedy that transcend geographical and temporal boundaries? Or is it the specific context, both geographical and temporal, that makes it a profound and accurate representation of the Gazan epic and the conditions of occupied Palestine in late December 2024, when the photo was taken?

Part of the answer lies in the fact that the image encapsulates both dimensions: it is anchored in its unique space and time, yet it transcends them. It captures a moment of extraordinary cruelty that is at once universally human and distinctly Palestinian. It is the moment when a doctor emerges from the ruins of his destroyed hospital, after the killing or deportation of his patients and staff, and walks in his white coat toward the perpetrators of these crimes – Israeli soldiers entrenched in armored machines of death atop the rubble.

dimanche 5 janvier 2025

Syrie, Liban et Palestine en 2024 : La chute d’un génocidaire, un cessez-le-feu fragile et l’horreur d’un génocide persistant

Il est rare que des événements d’une seule année s’entrechoquent avec une intensité aussi spectaculaire que celle observée à la fin de 2024.

En l’espace de dix jours, le régime d’Assad en Syrie a vacillé, s’est effondré, et son président s’est enfui, laissant derrière lui un héritage sinistre : des fosses communes, un archipel de prisons et de camps de détention et des mercenaires disposés à prêter allégeance au plus offrant.

Ce bouleversement a été précédé par un cessez-le-feu fragile au Liban, à la suite d'une guerre israélienne féroce, qui a causé des destructions massives et l’anéantissement de milliers de vies humaines. Parallèlement, le génocide à Gaza s’est poursuivi et se poursuit toujours, renforcé de complicités ou de dénonciations vaines, même si des mécanismes naissants de justice internationale commencent à cibler le gouvernement de Benjamin Netanyahou.

mercredi 1 janvier 2025

Le point sur la situation au Proche Orient le 31 décembre 2024

"Une année d'escalade dans la violence avec des conflits qui n'en finissent pas. Comment cette situation a rebattu les cartes dans la région? Décryptage avec Ziad Majed, politologue, spécialiste du Proche Orient", sur TV5 Monde.