Depuis quelques semaines, les
décisions favorables à la reconnaissance de l'Etat palestinien se succèdent.
Après de nombreux pays d'Amérique latine, c'est désormais en Europe qu'on
observe des progrès.
La Suède a déjà franchi le pas et en Grande-Bretagne, en Irlande et en Espagne, les parlements ont adopté, à d'écrasantes majorités, des résolutions pour inviter leurs gouvernements à en faire de même. Le 2 décembre, le Parlement français s’est prononcé lui aussi en faveur de la reconnaissance.
La Suède a déjà franchi le pas et en Grande-Bretagne, en Irlande et en Espagne, les parlements ont adopté, à d'écrasantes majorités, des résolutions pour inviter leurs gouvernements à en faire de même. Le 2 décembre, le Parlement français s’est prononcé lui aussi en faveur de la reconnaissance.
Ces événements ont lieu alors qu'en Europe et dans le monde, des associations, partis et organisations des droits de l'homme font pression contre les entreprises implantées dans les Territoires palestiniens occupés. De même, les députés européens réclament des sanctions contre les biens produits dans les colonies israéliennes de Cisjordanie.
Tout cela est important. Il reste, néanmoins
de l'ordre symbolique. Un vote au Parlement n'oblige pas les gouvernements à
effectivement reconnaître l'Etat palestinien. Mais il illustre le changement
substantiel qui s'est produit dans les milieux politiques et l'opinion publique
au niveau mondial, et plus particulièrement en Occident.
Cette tendance ne va pas s'inverser,
surtout si le gouvernement de Benyamin Nétanyahou - qui comporte trois
ministres qui sont eux-mêmes des colons - poursuit sa politique de
colonisation, de confiscations de terres palestiniennes et de renforcement du
blocus contre Gaza et contre les quartiers de Jérusalem-Est.
Dessin de Ruben, Pays-Bas |
Le problème est qu'il n'y a pas
aujourd'hui de direction palestinienne crédible et efficace pour tirer profit
de cette situation et faire avancer le projet de construction d'Etat, ou même
pour organiser de la résistance politique et populaire contre l'occupation et
la colonisation. L'Autorité palestinienne a perdu de sa combativité depuis des
années, quant au [mouvement islamiste] Hamas, il se cramponne à son pouvoir à
Gaza, tandis que l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP) est
devenue coquille vide.
Les louables efforts des diplomates et les
interventions des intellectuels palestiniens ou pro palestiniens ne suffisent
pas à compenser l'absence de dynamique politique. Bref, au moment précis où les
longues années de lutte commencent enfin à porter leur fruit, personne ne
semble être là pour le cueillir.
Pour une nouvelle génération
Les Palestiniens ne sortiront de ce
paradoxe qu'en permettant l'émergence d'une nouvelle génération de dirigeants.
Il faudra des pressions populaires sur le Fatah et le Hamas. Il
faudra également tourner la page des dissensions et retrouver un projet
national commun, un projet qu'il ne faudra pas sacrifier au nom du
"réalisme", ni mettre en péril par aventurisme. Car les conditions
internationales sont plus favorables [à la cause palestinienne] qu'elles n'ont
jamais été depuis des décennies.
Ziad Majed
Article
traduit de l’Arabe, et paru dans le Courrier International sous un (autre) titre qui
est le choix de la revue.