Tribune de Yassin Al-Haj Saleh, Farouk Mardam Bey et Ziad Majed, parue dans Le Monde, le 27 octobre 2020.
L’assassinat de Samuel Paty est venu s’ajouter à une série de crimes terroristes commis par de jeunes musulmans français ou résidents en France. Par son horreur et sa sinistre symbolique, ce meurtre a exacerbé les passions et rendu presque impossible de débattre sereinement de tout ce qui a trait à l’islam et aux musulmans.
C‘est ce qui nous incite, comme intellectuels
démocrates et laïques et comme héritiers d’une culture plurielle marquée par
l’islam, à affirmer que le débat est plus que jamais nécessaire pour échapper
au piège que nous tendent les Anzorov. Ce qu’ils cherchent, ainsi que leurs
instigateurs et tous ceux qui justifient leur folie meurtrière, c’est justement
à élargir davantage le fossé entre les musulmans et le reste de l’humanité. Et il
ne manque pas en Occident des gens qui se plaisent à jouer le même jeu et qui
aimeraient vivre dans des citadelles fortifiées, indifférents à tout ce qui se
passe alentour.