On s'interroge inlassablement au Liban sur les raisons qui permettent à des responsables politiques d'une médiocrité et d'une corruption incommensurables de s’imposer et de se maintenir au pouvoir dans un pays où la société dispose d’un niveau d’éducation, de compétences et de dynamisme extraordinaires.
On répond souvent en invoquant la question confessionnelle et les clivages qu’elle implique, le clientélisme qui n’a cessé de s’élargir et de gangréner toutes les administrations publiques, parrainé par des chefs de milices de guerre devenus ministres et députés. On parle aussi de l’hégémonie sécuritaire syrienne qui a «fabriqué» des politiques et infiltré les institutions étatiques, des assassinats, de l’impunité, de Hezbollah et ses armes qui terrorisent ses opposants, puis de la loi électorale et de ses découpages favorisant la réélection des mêmes ténors et de leurs sbires. On évoque enfin les répercussions des crises régionales sur la scène libanaise qui compliquent d’avantage la donne et laissent la majorité des gens dans la frustration de l’impuissance et le désarroi de l’attente de solutions importées de l’extérieur et temporaires.