Dans un monde qui connait depuis des décennies la montée d’un populisme ultranationaliste, xénophobe et réactionnaire, les démocraties européennes peinent de plus en plus à se démarquer.
Témoins (et parfois complices) d’une normalisation des droites extrêmes, en quête de transformer l’Europe en une forteresse blanche repoussant l’immigration et rejetant le métissage et la diversité, les gouvernements et les instances à Bruxelles, à Rome, à Paris, ou même à Berlin tardent à réagir. Ils persistent dans leurs obsessions de croissance et d’échanges économiques, au détriment des grandes questions politiques et sociétales. Les forces progressistes quant à elles, fragmentées et incapables de transformer les mobilisations et oppositions nécessaires en conquête du pouvoir, sont en net recul, malgré certains sursauts électoraux.
La pandémie et ses lourdes conséquences ont aggravé cette situation et fragilisé d’avantage la confiance d’une grande partie des citoyens en leurs institutions, élites et représentants, tout en amplifiant les inégalités sociales, raciales et territoriales.
A tout cela se sont ajoutées depuis février 2022 l’anxiété et l’angoisse causées par l’invasion russe de l’Ukraine et le déclenchement de la guerre sur le sol européen. Les démons d’un passé pas si lointain semblent être, dans plusieurs pays, de retour.
C’est dans ce contexte européen et international tendu et opprimant que les élections présidentielles se sont tenues en France le mois dernier, précédées par des campagnes politiques et médiatiques très violentes et connaissant une abstention record (la plus importante depuis cinquante ans).