L’une est journaliste, l’autre chercheur. À eux deux, ils tentent
d’éclairer avec pédagogie la boîte noire syrienne (l’expression est de
l’écrivain Yassin Al-Haj Saleh).
En ce printemps 2014, Hala Kodmani et Ziad Majed publient deux ouvrages,
aux éditions Actes Sud.
Dans La Syrie promise, la journaliste franco-syrienne donne
à lire un long dialogue par courrier électronique avec son père, diplomate
syrien contraint à l’exil à la fin des années 1960. Un échange sur la nature du
régime de Bachar al-Assad et l’histoire de la société syrienne, à mesure que la
révolution s’étend à tous les pays et que Hala Kodmani se rend régulièrement en
Syrie.
« C’est parce que la communauté internationale, nous dit Ziad Majed, et je parle ici surtout de l’Occident,
n’était pas suffisamment ferme par rapport au régime syrien, que les Iraniens
et les Russes ont compris que leur marge de manœuvre était très importante, et
que leur détermination allait le maintenir. » Avec Syrie,
la révolution orpheline, le politologue libanais revient en détail sur les
étapes de la construction du régime, puis de la révolution syrienne. Il
rappelle notamment que la révolution et les coordinations mises en place par
les manifestants dès le mois de juin 2011 étaient centrées « sur
la nécessité d’une transition vers un régime démocratique et sur le rejet du
communautarisme et de l’esprit de vengeance », face à un régime et une
armée qui vont jusqu’à exécuter d’une balle dans la tête les soldats qui
refusaient de tirer sur la foule de manifestants. Trois ans plus tard, alors
qu’Assad se présente à une parodie d’élection présidentielle le 3 juin, que
faire pour sortir la Syrie de cette double barbarie du régime et de l’ignorance
internationale et diplomatique où elle se trouve aujourd’hui plongée ?
Entretien | Pierre Puchot, Mediapart.fr